De l'international au Congo, histoire de cent années de guidisme.

28/12/2010 13:46

 

Suite au succès spontané de son ouvrage «Scouting for boys» et de l'originalité de sa pédagofie proposant l’aventure aux jeunes garçons sur le modèle du premier camp éclaireur de brownsea, Baden Powell est sollicité de toutes parts. Il va d’ailleurs prendre sa retraite militaire en 1910, à 53 ans, en vue se consacrer entièrement au développement du scoutisme

Rappelons que dans les trois premières années du scoutisme la pédagogie scoute est réservée aux seuls garçons dans une Angleterre post-victorienne du tout début du XXème siècle, où il est mal vu qu’une jeune fille coure, soit essoufflée, fasse de la bicyclette, nage, ou simplement lève les bras plus haut que la tête (!). certains ont en effet toutes les peines du monde à imaginer que des filles puissent participer aux activités proposées par la vie des éclaireurs, où la forme physique par la pratique du sport et des ativités de plein air occupent un grand rôle.

Pourtant, en 1909, lors d’un grand rassemblement d’un millier d’éclaireurs au Crystal Palace de Londres, se présente spontanément devant B.P. un groupe de filles, qui ont lu ses ouvrages, et lui demandent de laisser les filles entrer dans le mouvement éclaireur. BP se sent pris au dépourvu en ce qui concerne l’application de ses idées pédagogiques originales aux jeunes filles !


 

Mais devant l’insistance des filles qui commençaient à s’organiser spontanément en patrouilles, Baden Powell prend conseil auprès de sa soeur Agnes, et réfléchit à la fondation d’un mouvement de scoutisme séparé, dédié aux filles. Son talent visionnaire semble dès-lors reprendre le dessus, alors qu’il rédige un premier essai sur la formation pédagogique des jeunes filles (après tout, pourquoi réserver aux garçons les bienfaits de ses techniques pédagogiques ?). Il décide d’utiliser le mot «Guides» pour désigner les éclaireuses. Il se souvenait en effet d’un régiment féminin qu’il avait vu servir sur la frontière Nord-Ouest de l’Inde, dénommées les «Khyber Guides». De plus, le mot anglais «guides» semblait particulièrement bien adapté aux concepts et valeurs spécifiques que B.P. comptait proposer aux filles à l’aube du XXème siècle .


 

Le mouvement des Girl Guides fut donc fondé, passant par la création d’une association mondiale, parallèle à l’association de scoutisme créée pour les garçons (Boy Scouts). Dès 1910, 6000 jeunes filles avaient rejoint le mouvement, piloté au départ par la propre soeur de Robert Baden Powell, avec qui il coécrira un premier manuel pour le scoutisme féminin en 1912 (l’équivalent de son best-seller «Scouting for boys», adapté aux filles.


 

En cette même année 1912, lors d’un voyage en bateau vers New York dans le cadre de sa tournée mondiale de promotion du scoutisme, Baden Powell rencontre Olave St Clair Soames, de 22 ans sa cadette, et qui deviendra néanmoins sa femme. Très rapidement, Olave va se retrouver impliquée à la tête du mouvement des guides, dont elle prendra officiellement la tête en 1918 en tant que chef des Guides britanniques, puis en 1930 en tant que Chef guide mondiale (un titre honorifique que plus personne d’autre ne portera après sa mort en 1977).


 

Lord Baden Powell décède en 1941 au Kenya, où il s’était retiré pour vivre ses dernières années avec Olave (avec qui il eut 3 enfants). Celle-ci, étant donné son plus jeune âge, lui survivra pendant 35 années durant lesquelles elle va lui succéder à la tête du mouvement éclaireur mondial, avec un intérêt tout particulier pour les guides


 

Au début du mouvement guides, dans les premières années du XXème siècle, la morale en vigueur ne permet pas d’envisager une éducation mixte des garçons et des filles. La donne va changer dans les pays occidentaux, avec l’évolution rapide des moeurs après la seconde guerre mondiale. Les femmes prennent un rôle de plus en plus important dans la vie sociale et revendiquent tout d’abord une égalité de statut avec les hommes. Les sociétés évoluent lentement, mais le mouvement pour l’égalité est fermement engagé, et les guides qui ont pu bénéficier d’une expérience du scoutisme du même niveau que les garçons du même âge, sont souvent à l’avant-garde de ce mouvement.


 

Au Congo, le scoutisme est arrivé par le biais des missions catholiques, en l'occurence grace au père Lebaille qui en 1929 créa la première unité scoute en se basant sur les principes du scoutisme de la france d'antan, laquelle dans les années 1960, avec la «révolution sexuelle», voit apparaitre des courants revendiquant cette fois une convergence complète entre les principes d’éducation des garçons et des filles et l'extention de la mixité partout dans l’éducation publique. De nouvelles questions se posent pour le scoutisme.


 

Conforme aux moeurs et à la bienséance du début du siècle, le scoutisme pour les garçons et pour les filles avait été conçu par B.P. sous la forme de deux mouvements parallèles, mais complètement séparés, avec des principes spécifiques «adaptés» à chaque sexe. Cette vision ne semble plus appropriée pour un grand nombre de responsables du mouvement éclaireur dans la seconde moitié du XXème siècle. Ceux-ci vont donc s’engager, au niveau local, dans des réformes qu’ils jugent indispensables, après un demi-siècle, pour «dépoussiérer» la pédagogie des guides et éclaireurs


 

Au sein même des différents mouvements scouts, différentes unités adopteront dans le courant des années 1960 à 1980, différentes solutions, parfois expérimentales. La plus courante est la «coéducation», qui consiste à réunir garçons et filles dans une pédagogie unifiée, avec des groupes accueillant à la fois des unités de garçons et de filles, qui peuvent conduire certaines activités en commun, mais restent séparés au niveau de l’unité(meute ou troupe)


 

D’autres mouvements, souhaitant demeurer plus fidèles à la tradition du scoutisme des origines et à la pédagogie de Baden Powell, ou pour rester conformes à des principes religieux stricts, ont gardé des structures bien séparées. Toute une diversité de visions pédagogiques qui est une richesse pour le scoutisme.


 

En 1964, après l'interdiction du scoutisme au Congo par le pouvoir monopartite et marxisant, c'est 27 ans après, en 1991, grace au Renouveau démocratique que s'est effectuée la relance du mouvement scout.

Les premières années ont été marquées par la pratique d'un scoutisme désireux d'une mixité entre garçons et filles, mais malheuresement teinté par la nostalgie d'un scoutisme français de la période coloniale, dans laquelle les structures scoute et guide étaient bien séparées pour s'adapter au mieux soit à l'éducation des garçons(scouts) soit à celle des filles(guides), en conformité à des principes réligieux et culturelles stricts. Ce scoutisme

Mais très vite, en tenant compte des mutations du monde en général et de la société congolaise en particulier, des problèmes sur  la pédagogie ne tardèrent pas à se poser, notamment sur la gestion mixité dans l'éducation des garçons et filles. D'ou la nécessité d'une réforme en face de deux divergentes idées maitresses:

-Unifier les unités scoutes et guides au sein des branches(selon les tranches d'ages) de manière à offrir aux garçons et aux filles des activités conduites en commun( sizaines, patrouilles et équipes mixtes).

- co-éduquer garçons et fille dans une pédagogie qui prévoit des activités séparemment menées au sein des unités et des branches(louveteaux-jeannettes, éclaireurs-guides...), mais unifiées au niveau du groupe, des régions et nation( avec une equipe de maitrise mixte).

en 1995, l'absence d'un compromi sur la question porta à l'éclosion du scoutisme catholique en deux associations:

-les scouts du Congo, partisans de la mixité à tous les niveaux;

-les scouts et guides du Congo, partisans d'une mixité co-éducative.

Ce n'est que dix ans après, soit en 2005, que ces deux associations s'unirent de nouveau en acceptant parler d'une mixité dans la co-éducativité au sein de l'association des scouts et guides du congo, laquelle est devenue l'unique association de l'église catholique au Congo.


 

Aujourd'hui, le guidisme Congolais, n'est encore que membre observatrice au sein de l'association mondiale des guides et éclaireuses(AMGE) mais en sera bientot membre de plein droit.