Témoignage sur Monseigneur Thieriez

05/01/2015 15:39

20ème anniversaire de la mort de Monseigneur Michel THIRIEZ aumônier général des Scouts et Guides du Congo. Voici le témoignage de la vice-présidente du Conseil d'Administration Émilienne Raoul:                                                            


La simple évocation du nom de Monseigneur Michel Thiriez fait naître en nous, aînés du mouvement Scout et Guide du Congo, le souvenir d’un homme vertueux, un aumônier qui se nourrissait constamment du sens profond de l’appel de l’évangile.
Ancien aumônier des scouts de France, Monseigneur Thiriez avait débuté à Lille dans la troupe « Père Sevin », fondateur des scouts de France. Il arrive au Congo en 1959, alors que nous étions encore des adolescents, avec pour mission servir auprès des scouts et guides et plus tard auprès de l’armée comme aumônier. 
On se souvient, lorsqu’il arrive au Congo, il était logé dans l’une des maisons en brique rouge de la cour de l’évêché, aujourd’hui cour mariale. C’est là que se tenaient nos premières réunions. Très tôt il s’est rendu compte qu’il fallait soutenir le scoutisme féminin encore embryonnaire, c’est ainsi qu’il va faire venir dès 1960 une cheftaine guide de Dunkerque pour développer le guidisme.

  


L’objectif du moment était d’étendre l’implantation du scoutisme et du guidisme dans toutes les paroisses de Brazzaville, puis dans la partie sud du pays. Mais c’était sans compter avec la révolution marxiste-léniniste qui survint en 1963 et interdira tous les mouvements de jeunesse pendant près de 20 ans.
Monseigneur Michel Thiriez pendant cette longue période d’attente, nous disons bien d’attente, car il nourrissait l’espoir de voir changer les choses un jour, pendant donc cette période il a maintenu le contact avec chacun de nous. Monseigneur Thiriez nous a soutenus dans nos épreuves, partageant nos soucis liés aux aléas de la vie politique. Il a célébré nos mariages, baptisé nos enfants qu’il a ensuite mariés. Il était là comme un père, un guide, invitant chacun de nous à se construire sur la base des valeurs de la loi scoute qui est un ensemble de règles de vie. Convaincu du retour à la normalité, il est resté le gardien vigilant et avisé du patrimoine foncier scout et guide, des archives, des comptes financiers qu’il a fait fructifier pendant plus de 20 ans. 
 La conférence nationale souveraine de 1991 marque un grand tournant dans notre vie car elle réhabilitera tous les mouvements de jeunesse. C’est la période de la renaissance du mouvement scout et guide. Monseigneur Thiriez en tant que visionnaire impulsera un nouveau cadre institutionnel à travers les statuts qui consacreront la création d’une association conjointe scouts et guides du Congo. Souvenez-vous, nous formions autrefois chacun une association distincte de garçons et de filles, désormais avec Mgr Thiriez nous ne formions plus qu’une seule association, l’association des scouts et guides du Congo. 
 Nulle part ailleurs au Congo vous trouverez une association qui consacre la parité homme/femme à tous les postes de commandement. Cela n’a pas été facile de faire accepter ce mode de gouvernance par les uns et les autres. Monseigneur Thiriez a été constant dans sa vision selon laquelle le monde se développera avec des hommes et des femmes engagés au service des autres. Il était aussi soucieux de l’accompagnement spirituel des jeunes que nous formions, aussi avait-il sollicité du Cardinal de Lyon, un aumônier scout qui vint au Congo pour la formation des prêtres. Celle-ci s’est passée au Petit séminaire Saint Jean.


Monseigneur Thiriez fut un bâtisseur. Cette église dans laquelle nous sommes rassemblés ce jour est son œuvre, associée au presbytère et à l’école qui s’alignent de part et d’autre de la cour. Vers la fin des travaux il nous appelle pour nous montrer les pièces qu’il avait réservées pour notre siège : deux en haut et une qui servirait de cagibi en bas de l’escalier, en nous rassurant que le père Morizur, s’occuperait des finitions. Il pensait à tout, Monseigneur Thiriez.
Permettez, chers frères et sœurs, un petit retour en arrière pour parler de la famille Thiriez. Avant la grande crise économique mondiale des années 70 due au choc pétrolier, des usines, des industries prospéraient comme celle de la famille Thiriez spécialisée dans la fabrication des fils à coudre, à broder et même à attacher les cheveux. On vendait ces fils ici au Congo dans nos marchés comme partout ailleurs dans le monde. A la fermeture des usines Thiriez, Monseigneur eut sa part d’héritage qu’il investit au Congo dans les œuvres qu’il a initiées.


Dans nos entretiens, Monseigneur Thiriez était préoccupé de la condition des prêtres atteint par la limite d’âge. Il voulait construire pour eux une maison de retraite. Aussi sommes-nous allés un jour ensemble voir sur le terrain l’emplacement de ce futur bâtiment pour lequel il avait déjà pensé au fonctionnement, en le confiant à une congrégation de religieuses spécialisées dans ce type d’activité. Sans doute, espérait-il après avoir investi sa part d’héritage dans la construction des bâtiments de la paroisse, tirer quelque profit de l’exploitation de l’école pour aider au fonctionnement de la nouvelle maison de retraite qu’il voulait construire pour les prêtres.


Chers frères et sœurs, 
Nous les anciens scouts et guides, pourrions parler pendant des heures de Monseigneur Thiriez, pour l’avoir côtoyé de 1959 à 1995.
Nous gardons tous l’image d’un homme emprunt d’humilité, tout à la fois ferme dans les principes et tendre dans le cœur. Le mouvement qu’il est venu redynamiser a porté ses fruits, nous comptons aujourd’hui à travers le pays 5765 louveteaux, jeannettes, éclaireurs, guides, routiers, guides aînées.
Aux chefs et cheftaines il disait en mars 1993 :
« L’homme est un être complet : le corps et l’âme sont impliqués dans toutes ses activités. Il n’y a pas de rupture. C’est pour cela que le scoutisme est un mouvement de progression équilibrée ».
« Celui qui est seulement activiste ne progresse pas ».
« Celui qui est seulement spirituel ne progresse pas ».
Monseigneur Michel Thiriez restera pour toujours notre guide pour nous montrer le chemin de la Vérité et de l’Amour. 


Excellence, Monseigneur Anatole Milandou, Archevêque de Brazzaville,
Permettez que je termine mon propos en m’adressant aux scouts et guides de notre pays en rappelant ces paroles du fondateur du Scoutisme mondial, Lord Baden Powell qui écrivait dans sa lettre d’adieu aux éclaireurs avant sa mort, « Soyez toujours fidèles à votre promesse scoute même quand vous aurez cessé d’être un enfant, et que Dieu vous aide à y parvenir ».